Dans l’église Saint-Sulpice de Nogent-le-Roi, riche de verrières bien connues des XVe et XVIe siècles, se trouve un tableau remarquable mais aujourd’hui dans un état préoccupant. Réalisé aux alentours de l’année 1600, ce Christ en croix dévoile encore toute sa puissance malgré le fort assombrissement de sa couche picturale, l’un des nombreux signes de dégradations bien plus étendues.
C’est précisément cette œuvre que quatre étudiants de la Sorbonne ont à cœur de sauver, associés à La Sauvegarde de l’art français dans le cadre du projet « Le plus grand musée de France » et encadrés par Fabienne Audebrand, la conservatrice des Antiquités et Objets d’Art d’Eure-et-Loir. Participent également à ce projet la ville de Nogent-le-Roi, représentée par son maire Philippe Renaud, Elodie Delaruelle et Maxime Seigneury, restaurateurs du patrimoine, ainsi que François Doussau, le vicaire de la paroisse.
Anne-Cécile Desbordes, Nadjet Nechadi, Coralie Adèle-Amélie et Yoann Dangles, étudiants en master 2 d’Histoire de l’Art et préparant le concours de conservateur du patrimoine, ont lancé une souscription pour la restauration du tableau en péril. Objectif : 2600 € pour une restauration totale (tableau et cadre) estimée à 7200 €, la DRAC et le département d'Eure-et-Loir finançant une partie de la somme.
Le Christ en croix de Nogent-le-Roi est un tableau très intéressant, inscrit au titre des monuments historiques depuis 2008. Installé dans la chapelle des fonts baptismaux, il passe pour le moins inaperçu. Et pourtant, il est exposé dans une très belle niche à colonnes et fronton triangulaire. Ce mode de présentation est d’ailleurs l’un des points que certains souhaitent questionner : l’œuvre est simplement posée dans la niche, ne tenant qu’à un fil. De plus, cette chapelle latérale est la plus exposée de l’église à l’humidité.
Le caractère sculptural des personnages, la vaste étendue de paysage à l’arrière-plan, la palette que l’on devine acidulée et la contorsion du corps du Christ, témoin d’un maniérisme tardif, constituent autant d’éléments qui poussent à rapprocher l’œuvre de la seconde école de Fontainebleau. Foisonnent ici références italiennes et flamandes, évoquant notamment l’art de Maarten de Vos et de l’un de ses élèves, Hendrik de Clerck. Aucune certitude cependant au sujet de son auteur. L’on évoque la famille de Hoey et plus précisément Nicolas de Hoey, originaire de Leyde et actif à Dijon à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Cette attribution est à considérer avec prudence. La restauration permettra peut-être de confirmer ou d’infirmer cette proposition et d’apporter de nouveaux éléments relatifs à ce tableau.
Le chantier en lui-même s’annonce conséquent. Le tableau est très sombre et une restauration fondamentale de la couche picturale est à prévoir. Il a, par le passé, déjà fait l’objet d’une intervention. Une opération de rentoilage avait alors été effectuée mais ce dispositif n’assure aujourd'hui plus son rôle de maintien : la couche picturale est directement menacée. D’autre part, la toile présente une déchirure dans sa partie supérieure, qui n’était pas présente lors de cette précédente restauration, preuve de la progression continue des dégradations. Il s’agit également de redécouvrir la puissance des couleurs d’origine. Le vernis actuel a en effet vieilli et rend terne la vue du tableau.
1000 € ont à l’heure actuelle été récoltés. Les autorités municipales et cléricales se sont montrées très enthousiastes envers ce projet et ne doutent, tout comme nous, pas de son succès. Émerge déjà un souhait affirmé de voir des collaborations de ce type se reproduire.
Pour participer à la souscription et ainsi œuvrer à la restauration du tableau, rendez-vous sur le site de La Sauvegarde de l'art français en suivant ce lien.
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