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La Joconde

La Joconde, Léonard de Vinci, 1503, Musée du Louvre, Paris


Tableau le plus célèbre du monde, la Joconde est un symbole qui dépasse la simple notion d’histoire de l’Art. Identifiable par tous, attirant les touristes par millions, ce tableau est pourtant mal compris par les non-initiés. A travers cette rapide présentation, Coupe-File vous livre différentes clés qui, nous l’espérons, vous permettront d’acquérir une meilleure compréhension de l’ultime chef-d’œuvre.

Monna Lisa, Leonardo da Vinci, 1503, Musée du Louvre, Paris

La Joconde est le portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco di Giocondo, un notable florentin. Ce dernier a commandé ce portrait à Léonard de Vinci, sans doute à l’occasion de la naissance du deuxième enfant du couple. La célébrité du tableau peut s’expliquer par plusieurs raisons. Tout d’abord c'est une œuvre de Léonard de Vinci, l’un des artistes les plus célèbres de l’Histoire. Ensuite parce que l’œuvre a été volée en 1911 puis retrouvée quelques années plus tard. Ce vol, faisant la Une de l’actualité, a contribué à renforcer le prestige déjà grand de l’œuvre. Enfin le dernier élément contribuant à sa renommée est son aboutissement. Léonard montre ici toute sa maîtrise de l’art pictural et du genre du portrait (la Joconde est le cinquième portrait de Léonard).


Au moment où il réalise ce tableau, Léonard est au sommet de sa gloire et de son art. Il vient en effet de passer plus de quinze années à Milan où il est devenu un des peintres majeurs d’Italie. Sa Cène crée l’émerveillement et sa Vierge aux Rochers est devenue une référence pour les peintres de retable. Né en 1452, dans le petit village de Vinci en Toscane, Léonard est entré à l’âge de 14 ans dans l’atelier d’Andrea del Verrocchio. Il y a suivit une formation artistique assez complète allant de l’ingénierie à la sculpture en passant bien sûr par la peinture. Figure de proue de la Renaissance, personnification du savant universel, idéal d’alors, Léonard fut un grand peintre. Il est l'auteur de nombreux chefs-d’œuvres, ces derniers étant aussi bien des tableaux à sujets religieux comme La vierge aux rochers (vers 1484, Musée du Louvre, Paris) que des portraits comme le tableau dit La belle ferronnière (Vers 1494, Musée du Louvre, Paris).


Ce qui fait de la Joconde un chef d’œuvre est qu’à travers elle, Léonard réussi à révolutionner le genre du portrait. Pour cela il va se baser sur un ensemble d’acquis auxquels il va joindre des innovations majeures.


Parmi les traditions reprises dans ce tableau, nous pouvons citer notamment la position de Mona Lisa, de trois-quarts, ce qui existait déjà dans l’art du portrait à l’époque et notamment dans l’école florentine. Léonard lui-même a peint antérieurement trois portraits présentant un modèle de trois-quarts. Comme autre tradition, il y a la présence d’un paysage en arrière-plan. Ceci est très courant dans les portraits, notamment masculins, de l’école florentine. Nous pouvons notamment citer Le portrait d’un jeune homme avec une médaille de Sandro Botticelli.





Portrait d'homme avec médaille de Cosme l'ancien

Botticelli, 1474, Musée des Offices, Florence


Sur cette base traditionnelle, Léonard ajoute une innovation majeure, il donne un aspect conversationnel à son tableau. Nous assistons à une perte de la réserve du modèle. La femme qui nous fait face semble être accessible, elle nous regarde et donne l’impression d’être en pleine conversation avec nous. Cet effet est rendu possible grâce à la combinaison de plusieurs techniques. Tout d’abord, Léonard peint Lisa en taille réelle. Pour cela il réalise un portrait inhabituellement grand pour l’époque, plus de 75 cm de haut. Ensuite il crée un dynamisme dans la posture du modèle, elle semble presque pouvoir bouger. Ce dynamisme est créé par le fameux sfumato, technique la plus célèbre de Léonard qui consiste à transformer les contours marqués en contours flous, comme vus dans un nuage de fumée (sfumato en italien). L’esprit a alors du mal à comprendre où se finit la figure peinte, ce qui l’amène à y voir une impression de mouvement. C’est ce même effet qui est utilisé dans le fameux sourire, dont les coins s’effacent. Ce sourire n’est donc pas entier ce qui amène un part de mystère comme s’il fallait que notre imagination le complète. Enfin Léonard rend accessible les sentiments de Lisa. Pour cela il « idéalise » sa figure afin que ses traits tendent vers un « type » où se reconnaîtra par physiognomonie un tempérament (Physiognomonie : science qui a pour objet la connaissance du caractère d'une personne d'après sa physionomie).


En peignant la Joconde, Léonard de Vinci réunit des traditions issues d’années de recherches menées par les artistes de la Renaissance sur le portrait. Il pioche ici et là différents types de représentations qu’il synthétise au sein du même portrait. Léonard fait donc, avec la Joconde, une synthèse entre traditions et innovations afin de créer en quelque sorte le portrait ultime de la Renaissance du Quattrocento. Lorsque l'on regarde Lisa, ce n’est pas seulement sa beauté plastique que l’on voit, ce sont ses sentiments, et c’est sans doute là, la clé de ce portrait. La Joconde aura une grande influence sur l’art du portrait avant même son achèvement (Léonard travaille plus de 10 ans sur l’œuvre). On ressent cette influence notamment chez Raphaël qui reprend le modèle de la Joconde dans de nombreuses de ses œuvres comme La Dame à la licorne (Rome, Galerie Borghèse, vers 1504).

Dame à la Licorne, vers 1505, Galerie Borghèse, Rome

Antoine Lavastre


 

Pour aller plus loin :

A. Angela, Le regard de la Joconde : La Renaissance et Léonard de Vinci raconté par un tableau, Payot, 2018 --> Pour découvrir Léonard et La Joconde, ouvrage de vulgarisation très bien écrit

D. Arasse, Léonard de Vinci, Hazan, 2011, --> Ouvrage très complet et accessible pour comprendre l'art de Léonard en profondeur

P. Marani, Léonard de Vinci, Actes Sud, 2003 --> Ouvrage destiné aux personnes voulant approfondir des connaissances déjà bonnes sur Léonard

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