Les mois de juillet et août ont été violents en Auxois, particulièrement dans le secteur de Vitteaux. De forts orages se sont abattus sur la région et ont causé de nombreux dégâts matériels. De par sa situation géographique, construite sur un point haut de la ville, l'église Saint-Germain-d’Auxerre, classée au titre des Monuments historiques depuis 2001, a sans doute été l’un des édifices les plus touchés. Les vitraux du côté sud, réalisés entre 1852 et 1860 par le maître-verrier riomois Emile Thibaud (1806-1896), sont aujourd'hui très lourdement endommagés, laissant trois chapelles latérales ouvertes au vent.
Les vitraux du maître-verrier Emile Thibaud. Avant-Après 24 août 2024. ©Nicolas Bousser
Gros plan sur les dégradations, 24 août 2024. ©Nicolas Bousser
Depuis l'extérieur de l'église, 24 août 2024. ©Nicolas Bousser
Si ces destructions sont déjà très graves, elles mettent également en danger une œuvre majeure conservée dans l’église : le triptyque de la Trinité de Nicolas de Hoey, un chef-d’œuvre de la Seconde Ecole de Fontainebleau, classé depuis 1905. Placé dans une chapelle latérale, le triptyque est aujourd’hui exposé aux éléments. Après avoir été alertés, nous nous sommes rendus le 24 août sur place : des morceaux de verre jonchent le sol mais l’œuvre, laissée en position fermée, ne semble pas avoir subi de dégâts. Seules quelques fientes d’oiseaux sont à déplorer à certains endroits de la couche picturale, mais celles-ci étaient déjà présentes il y a quelques mois.
Le triptyque (ouvert) installé dans la chapelle. ©Nicolas Bousser
Le triptyque fermé. Des morceaux des verrières jonchent le sol. ©Nicolas Bousser
Situation du triptyque dans la chapelle : très proche de la verrière endommagée, 24 août 2024. ©Nicolas Bousser
Signé par le peintre et daté de 1592, le triptyque a été réalisé pour la chapelle (disparue) de la Trinité de Vitteaux, financée par Guillaume Drouas, seigneur de La Plante à Boussey, et son épouse Marcelline Pivert. L'œuvre est déplacée dans l’église Saint-Germain à la Révolution.
Détails du triptyque ouvert. Quelques fientes sont visibles. ©Nicolas Bousser
Peintre important à Dijon à la fin du XVIe siècle, documenté pour la première fois dans la ville en 1567, Nicolas de Hoey est natif de Leyde, peut-être apparenté à Lucas de Leyde. Naturalisé en 1579, il œuvre jusqu’au début des années 1610, étant même nommé peintre du roi en 1599. Il travaille sur de grands chantiers comme celui du château d’Ancy-le-Franc, que nous avons eu l’occasion d’aborder dans plusieurs écrits consacrés aux Ménassier. Plusieurs de ses œuvres sont encore visibles en Bourgogne, comme les volets du retable de Claude Bretagne au musée des Beaux-Arts de Dijon ou encore la Mort de la Vierge dans l’église Saint-Michel de la ville. Des panneaux lui sont également attribués, notamment dans l’église Saint-Laurent d’Arnay-le-Duc (21). Ayant fait sienne la manière de peintres italiens et flamands, nombre de ses compositions renvoient directement à Martin de Vos. C’est par exemple le cas à Vitteaux, où l’artiste reprend directement une composition du maître. Le triptyque met en scène, sur le panneau central, la Trinité entourée d'anges portant les instruments de la Passion. Six apôtres apparaissent sur le volet gauche et sept sur le volet droit. L’œuvre, fermée, laisse entrevoir une scène d’Annonciation en grisaille.
Ce chef-d’œuvre, restauré il y a quelques années, est aujourd’hui en danger et d’autres orages menacent encore la région. Le décrocher de sa chapelle pour mieux le protéger dans un autre espace de l’église serait une première étape, dans l'attente d'autres interventions qui devront être menées par la mairie avec l'appui de la DRAC.
L'église Saint-Germain-d'Auxerre de Vitteaux. ©Nicolas Bousser
Nous remercions M. Thibault Mechler, pour l’attention qu’il porte au patrimoine de sa région.
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