Chef-d'oeuvre antique conservé au musée du Louvre, l'état de conservation exceptionnel et la beauté de cette statue en font l'une des œuvres phares du département des Antiquités Orientales.
Découverte en 1933, la ville de Mari fut édifiée vers 2900 av. JC sur la rive occidentale de l’Euphrate. Sa situation géographique a fait d’elle une ville riche car elle contrôlait le commerce caravanier et fluvial et était au carrefour des échanges entre le Levant, L'Anatolie et la Mésopotamie.
La ville comportait un palais d’une taille remarquable pour cette période ancienne. Les murs de ce palais renfermaient ce que les fouilleurs ont nommé « l’Enceinte sacrée », composée d'une cour centrale et de différentes pièces attenantes dont une chapelle, dédiées aux libations et à la prière. Les archéologues y ont notamment retrouvé de nombreuses statues d’orant, dont celle d’Ebih-Il, dédiée à Ishtar.
La statuaire d’orant reflète le vœu des fidèles de déléguer à leur effigie en pierre le soin de perpétuer leur prière dans le temple de la divinité qu’ils révèrent. Au Proche-Orient ancien, Ishtar est une divinité importante, déesse de l’amour et de la sexualité, elle est aussi une divinité guerrière, astrale, puisqu’elle est associée à Vénus et royale car elle intervient symboliquement dans les cérémonies de couronnement.
Mari est particulièrement reconnue pour la qualité de ses statues d’orant, avec leur sérénité souriante et leur finesse d’exécution. Comme d’autres statues, Ebih-Il a pu être identifié grâce à une inscription sur son épaule droite : « Ebih-Il, nu-banda (l’intendant), a offert sa statue pour Ishtar Virile ».
La statue représente un homme barbu et à la tête rasée, comme c'était la mode pour les dignitaires de Mari. Ces yeux, de coquilles et lapis-lazuli enchâssés dans du bitume ont de l’éclat, et fixent le lointain, semblant perdus dans une contemplation extatique. Le sourire simple et sobre de cette statue se retrouve sur d’autres statues mariotes, mais jamais avec autant de naturalisme et d’efficacité.
Il porte le vêtement habituel du temps, le kaunakès, dont la finesse d’exécution sur cette statue a permis d’identifier le matériau de ce vêtement sur d'autres représentations, ce serait une toison de mouton peignée. Les pieds étaient rapportés comme nous le laisse voir les trous de mortaise sous le kaunakès, mais le reste de l’œuvre est monolithe. Le polissage soigné laisse suggérer la chair et la finesse du détail anatomique, notamment au niveau du visage, en font presque un portrait.
Cette statue peut être admirée par la beauté simple de son visage et la pureté de ses lignes, renforcées d’un regard profond qui en font une œuvre exceptionnelle du haut de ses 4500 ans.
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