C’est un fabuleux voyage au cœur du Grand Siècle et de ses artisanats que nous propose de vivre le Mobilier national jusqu’au 4 décembre 2019. L’exposition Créer pour Louis XIV – Les manufactures de la Couronne sous Colbert et Le Brun dévoile la volonté du souverain de créer « un lieu pour y assembler les plus habiles artisans de toutes les nations » (Claude Nivelon, Vie de Charles Le Brun, 1698).
Dans les années 1660, Jean-Baptiste Colbert cumule les distinctions qui font de lui le plus éminent ministre du roi. Contrôleur général des Finances, surintendant des Bâtiments, arts et manufactures de France, trésorier de l’Ordre du Saint-Esprit, cet homme puissant incarne la grandeur du règne.
L’achat de l’enclos des Gobelins en 1662 détermine l’ambition royale de porter l’Etat à la tête de l’Europe. À sa direction, Charles Le Brun promeut la suprématie du luxe français. Le premier peintre du roi réunit en France des artisans cosmopolites qui mettent leur savoir-faire au service de la Couronne et évite ainsi la fuite des devises vers l’étranger.
À l’image des ateliers de la galerie du Louvre sous Henri IV, les manufactures de la Couronne – les Gobelins et la Savonnerie – alimentent le Garde-Meuble chargé de la conservation du mobilier des résidences royales. Les familles d’artisans, logées aux Gobelins et pensionnées par le roi, rassemblent lissiers, graveurs, ébénistes, lapidaires et autres orfèvres qualifiés qui illustrent la maestria des arts français.
Dès 1668, Colbert fait venir des lapidaires florentins dont les frères Megliorini, Gian Ambrogio Giacchetti et Filippo Branchi. Ces prodiges de la marqueterie de pierres dures produisent des meubles d’apparat à base d’incrustations d’agate, de jaspe, de cornaline, d’albâtre ou encore de lapis-lazuli. Le naturalisme fascinant des textures fruitées et la minutie des feuillages ombragés révèlent toute leur virtuosité.
Situé le long de la Bièvre, l’enclos des Gobelins bénéficie de la qualité des eaux de la rivière, utilisées depuis le XVe siècle par les teinturiers. Les ateliers de tissage fournissent de somptueux tapis « façon de Turquie » et des tentures, destinés à meubler les édifices royaux : Versailles, le Louvre et les Tuileries. Au second niveau de l’exposition, le visiteur déambule dans une scénographie immersive, entre drapés de velours et colonnes grandioses.
Le Roi visitant la manufacture des Gobelins, tapisserie célèbre de la Tenture de l’Histoire du Roi, trône en tant que véritable morceau de bravoure de la collection. Cet ensemble de quatorze tapisseries vante les exploits militaires et politiques de Sa Majesté.
Ce chef-d’œuvre textile, authentique vitrine des créations des ateliers, dépeint les grands acteurs de la manufacture tels qu’un maître orfèvre, un peintre cartonnier ou un maître ébéniste. Il offre de surcroît un précieux témoignage du mobilier en argent massif de Versailles, intégralement fondu en 1689 à la demande du roi pour financer la guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697).
Pietra dura, grande argenterie et art de la lisse ont contribué à forger le rayonnement de la culture française dans l’Europe du XVIIe siècle. Une exposition enchanteresse à découvrir à la galerie des Gobelins. De quoi rendre hommage à ces petites mains qui ont façonné un des fleurons majeurs de notre patrimoine. Grâce leur soit rendue.
Margaux Granier-Weber
Du 18 septembre au 4 décembre 2019
Galerie des Gobelins
42 av. des Gobelins - Paris 13
Plus d'infos sur : mobiliernational.culture.gouv.fr
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