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Alexandre Dumas à l'écran à la Fondation Pathé


Depuis le 22 mars, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à Paris propose une exposition dédiée à Alexandre Dumas au cinéma. Pensée à l’occasion de la sortie du film Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon début avril, l’exposition permet aussi de revenir sur l’histoire des nombreuses adaptations des œuvres de Dumas père sur grand écran en présentant plus de 200 documents et près de 100 extraits de films. Depuis la Fête de la musique, et jusqu’à sa fermeture le 13 juillet, la Fondation a ouvert l’exposition en accès libre.


De gauche à droite : Costume du duc de Buckingham © Antoine Lavastre et A. Dumas à l'écran, photo François Ayme © collection Fondation Pathé


Le parcours commence au rez-de-chaussée, dans une salle dédiée aux adaptations des Trois Mousquetaires. Cette salle fonctionne comme une sorte d’introduction à l’exposition, qui se poursuit ensuite au premier étage et au sous-sol. A travers plusieurs affiches disposées chronologiquement, nous comprenons l’évolution des adaptations du roman qui, comme l’explique la commissaire de l’exposition, Stéphanie Salmon, ne s’effectue jamais par hasard. Ainsi l’on adapte Dumas au début de l’histoire du cinéma car ses romans sont connus et respectés à l’international, ce qui permet à la fois de donner envie au public qui connait déjà les intrigues, mais aussi d’ennoblir cet art qui n’est alors pas considéré comme tel. Puis les films remploient Dumas pour sa structure en romans-feuilletons qui permettent d’obtenir très aisément un découpage pour les films à épisodes qui se développent alors. Henri Diamant-Berger propose ainsi une version en douze chapitres d’une heure. Puis l’arrivée du parlant, de la couleur et enfin des formats larges sont également des prétextes à adapter les grands romans d’Alexandre Dumas, dont les histoires royales, pleines de combats à l’épée et d’intrigues rocambolesques se prêtent bien à ces avancées techniques. A partir des années 1950, l’emploi de Dumas permet également de tenter de contrer la chute de fréquentation des salles, en utilisant, comme aux débuts du septième art, des références populaires donnant ainsi envie au public de se déplacer. D’ailleurs, peut-être pouvons-nous également voir une démarche similaire dans le dernier Trois Mousquetaires sorti en avril dernier, qui intervient, rappelons-le, après une crise sanitaire ayant entraînée des conséquences très violentes pour les cinémas et les théâtres. Face aux affiches, sur des podiums, une quinzaine des costumes du film de Bourboulon sont présentés, accompagnés de leurs dessins préparatoires. Le public peut ainsi se rendre compte de leur préciosité et du souci du détail qui a animé le costumier du film, Thierry Delettre, dans leur conception.


Le premier étage, quant à lui, est séparé en cinq parties. Dans le fond de la salle s’organise une frise chronologique rappelant qu’Alexandre Dumas a été, et sans doute plus que ses contemporains, l’auteur de l’Histoire. Le cinéma n’a d'ailleurs pas manqué d’exploiter ce rapport à l'Histoire, en adaptant aussi bien des œuvres théâtrales comme la Tour de Nesle, qui se déroule au XIVe siècle, que le Chevalier de Maison-Rouge se passant pendant la Terreur ou encore le Comte de Monte-Cristo, roman dont l’intrigue est contemporaine à l’auteur.


A. Dumas à l'écran, photo François Ayme © collection Fondation Pathé

En parallèle de cela, l’exposition met l’accent sur les nombreux allers-retours entre écriture et films, sous-jacents au principe même d’adaptation cinématographique. En s’intéressant d’abord à la façon dont le premier illustrateur de Dumas, Maurice Leloir, a donné une véritable identité à l’imaginaire des romans de cape et d’épée, nous percevons ensuite comment cette première image a ensuite influencé toutes les adaptations à l’écran, aussi différentes soient-elles. Le cinéma permet également de donner des épaisseurs supplémentaires aux narrations. Ainsi, la mise en parallèle entre les deux versions de la Reine Margot (Jean Dréville 1953 et Patrice Chéreau, 1994) témoigne de la grande différence de traitement de l’Histoire de France et des rapports entre catholiques et protestants. Légère et divertissante, la version de Dréville s’oppose ainsi frontalement au grand drame de Chéreau, dont les scènes du massacre de la Saint-Barthélémy restent en mémoire.


Puis l’aller-retour se poursuit pour montrer comme le cinéma est également propice aux réécritures et aux pastiches qui se mêlent aussi aux versions littéraires. De la Fille de d’Artagnan à la Femme de Monte-Cristo, en passant par les versions humoristiques des Trois Mousquetaires ou par l’adaptation des Frères Corses dans Double Impact avec Jean-Claude Van Damme, Dumas s’adapte à tous les genres et pour tous les publics.


A. Dumas à l'écran, photo François Ayme © collection Fondation Pathé

Les deux dernières thématiques sont dédiées aux acteurs et actrices ayant immortalisé les héros dumasiens ainsi qu’aux décors presque systématiquement grandioses des adaptations cinématographiques. Douglas Fairbanks (qui interpréta cinq fois d’Artagnan), Gene Kelly, Alain Delon, Léonardo DiCaprio, Jean Marais, Pierre Richard-Willm, Mylène Demongeot ou récemment Eva Green, tous ont laissé un visage propre aux différents personnages des intrigues de Dumas. Quant aux décors, les riches photographies ainsi que les extraits présentés en salles (à commencer par la version des Trois Mousquetaires de Richard Lester en 1973) parlent d’eux-mêmes. Enfin, le visiteur pourra également admirer parmi les plus belles œuvres de l’exposition, à savoir les dessins réalisés pendant le tournage du Masque de fer d’Allan Dwan en 1929, par Maurice Leloir (le même Leloir que celui qui fut le premier illustrateur de Dumas) qui fut invité à Hollywood alors qu’il avait plus de 80 ans par Fairbanks et le réalisateur afin de vérifier la véracité historique des costumes et décors du film.


Une dernière salle située au sous-sol est dédiée à l’universalité d’Alexandre Dumas, aussi dans ses adaptations cinématographiques. S’il fut mondialement connu rapidement après la publication de ses ouvrages, le cinéma a également exploité de façon mondialisée l’œuvre du français. A l’aide d’affiches, d’extraits et de photographies, le visiteur peut percevoir la façon dont chaque nation s’est appropriée l’œuvre dumasienne afin d'y appliquer ses propres codes.


A. Dumas à l'écran, photo François Ayme © collection Fondation Pathé

Lecteurs amoureux de Dumas ou déserteurs de la littérature, cinéphiles ou réfractaires au septième art, passionnés d’histoire ou bien férus des fictions de cape et d’épée, chacun peut trouver sa part dans cette exposition dont le corpus est riche. Il est d'ailleurs enrichi par la possibilité de visionner une sélection d’extraits liés aux diverses thématiques de l’exposition à l’aide d’une « mash-up », machine lisant des petites cartes et projetant les extraits correspondants. De quoi faire patienter jusqu’à la sortie de la seconde partie des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, prévue pour le 13 décembre 2023.


 

Alexandre Dumas à l'écran

Du 22 mars au 13 juillet 2023


Commissaire de l'exposition : Stéphanie Salmon


Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé

73 avenue des Gobelin

75013 Paris

Horaires disponibles sur le site internet : www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com




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