top of page

À Vaise, la peinture lyonnaise est reine

Par Nicolas Bousser


« L’École de Lyon, le bagne de la peinture » ; rarement Baudelaire bien qu'il nuança en réalité à plusieurs reprises son propos ne se sera autant trompé. Pour certains longtemps oubliés et dénigrés, parfois par leur propre ville et par des traits acerbes comme celui de l’auteur des Fleurs du Mal, les peintres lyonnais sont au centre depuis quelques années d’un retour en grâce. On se souvient notamment de la remarquable exposition « Le temps de la peinture : Lyon 1800-1914 » donnée au musée des Beaux-Arts de la cité rhodanienne en 2007 ou encore, plus récemment, de celle consacrée aux frères Flandrin.


Louis Eymonnet (1865 -), Les deux amies. Huile sur toile, signée en bas à gauche, 160 x 110 cm. Vaise, Tomaselli Collection. ©Nicolas Bousser


Il y a d’abord en effet, si l'on se circonscrit au XIXe siècle, ces trois frères dont la renommée a depuis longtemps dépassé les frontières régionales. Viennent également les biens connus Victor Orsel, Louis Janmot, Pierre Révoil ou encore Fleury-Richard. Mais il y aussi une myriade d’artistes comme Adolphe Appian, paysagiste de talent ; Paul Borel, dont le chef-d'œuvre peint s'apprécie toujours dans la chapelle de l'école Saint-Thomas d'Aquin à Oullins ; Pharamont Blanchard, infatigable voyageur qui réalisa également une carrière officielle notamment auprès du prince de Joinville ; Louis Guy, artiste plus confidentiel mais dont les paysages et scènes cynégétiques suscitèrent l'adhésion, et certains dont le nom n’a parfois par dépassé les terres de l’ancienne Lugdunum, à l’image de Louis Eymonnet. Tous ces artistes ont depuis peu un nouvel écrin aux portes de Lyon : la Tomaselli Collection.

Loin de l’environnement muséal habituel, il faut pour s’y rendre pénétrer dans un immeuble de bureaux dernier cri niché au cœur du quartier en réhabilitation de Vaise. D’un côté la voie ferrée, de l’autre les travaux, le tout sous l’ombre lointaine de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Depuis plusieurs décennies, Jérôme Tomaselli collectionne sans relâche et avec passion les artistes de cette École lyonnaise. Après plusieurs années de travail, le collectionneur a ouvert dans ses bureaux un espace d’exposition en novembre dernier, inauguré avec une présentation consacrée à la peinture rhodanienne du XVIIe au XXIe siècle. La seconde, qui doit ouvrir le 14 mars, se concentrera sur les réalisations graphiques de la collection de l’homme d’affaires.


De ce survol de la peinture lyonnaise, on retient les noms pour compléter notre énumération quelques lignes plus haut de Jacques Stella, avec notamment une Vierge à l’Enfant reproduite sur la couverture du court catalogue édité pour l’occasion ; Antoine Berjon, plus célèbre représentant de la production de nature morte à Lyon dans la première moitié du XIXe siècle, Paul Chenavard mais aussi les modernes avec Jean Couty, dont nous ne pouvons que conseiller la visite du musée dédié à l'artiste quelques kilomètres plus loin, proche de l'île Barbe qu'il a tant représentée. Nous tenons également à attirer l'attention sur le tableau du déjà nommé Louis Eymonnet qui illustre cet article, très sobrement intitulé Les deux amies. Il s'agit là d'un beau morceau de peinture d'un artiste à propos duquel l'on sait très peu de choses, pas même l'année de son décès. Quelques-unes de ses œuvres passent assez régulièrement sur le marché, sur des estimations souvent basses, cependant aucune n'atteint la qualité de cette toile qui fut d'ailleurs acquise en 2020 sur le marché lyonnais soit dit en passant sous le titre Les deux amantes , de la finesse des figures à la précision des motifs de tapisseries en arrière plan.


L'École lyonnaise a donc investi les rues de Vaise avec l'ouverture de ce nouveau lieu hybride. À noter que certaines des œuvres sont proposées à la vente sur le site Internet même de la Tomaselli Collection. La première présentation de peintures, assez généreuse, a offert comme amuse-bouche un intéressant panorama de la production picturale à Lyon sur plus de trois siècles. Les prochaines seront-elles plus thématiques ? À suivre. Pour l'heure, place au dessin.

 

Tomaselli Collection

22 Rue Laure Diebold, 69009 Lyon

tomaselli-collection.com

Comments


Post: Blog2_Post
bottom of page